Le professeur Pretorius et son assistant mettent au point une machine capable de rendre le cerveau sensible à une réalité invisible et inconnue. Mais après un essai, on retrouve Pretorius mort. Son assistant est interné dans un asile. Une jeune psychiatre décide de mener l'enquête...
Après le succès inattendu de Re-animator (1985), Brian Yuzna et Charles Band décidèrent de confier à Stuart Gordon la réalisation d'un nouveau film inspiré des écrits de Lovecraft. Passionné de science-fiction, Charles Band choisit De l'au-delà, une nouvelle de 1920. Stuart Gordon et Brian Yuzna développèrent alors le scénario, puis Dennis Paoli le peaufina. Le film fut tourné en Italie où Charles Band possédait des studios. L'acteur Jeffrey Combs tient encore le rôle principal. On se réjouira aussi de trouver dans le casting l'acteur Ken Foree (un des assiégés de Zombie (1978)).
Ce film met Lovecraft à une sauce typique des années 80: on y dévore des cerveaux, le gore et l'érotisme y sont bien présents, et on a même un personnage d'inspecteur de police baraqué complètement pas Lovecraftien. Néanmoins, le scénario reprend aussi des thèmes chers à l'écrivain et rarement traités dans les films d'horreur ou de science-fiction: la folie, la description d'un univers menaçant que les humains côtoient sans en connaître l'existence... Cet assemblage disparate fonctionne parfaitement grâce à un récit très bien élaboré. Ici, contrairement, à Re-animator, on ne donne pas dans l'humour sympathique. L'ambiance est totalement cauchemardesque, triste et oppressante, sans aucune concession. Une des grandes originalités du film est la déchéance psychologique des deux principaux personnages. Ce sont les dommages mentaux qui les détruisent, et non des attaques physiques. Ils sont confrontés à l'horreur révélée par la machine de Pretorius, horreur qui affecte leurs cerveaux et les transforme en monstres. Ainsi, la jeune psychiatre prude se découvre un goût certain pour les sous-vêtements en cuir. Réussir à caser une scène de bondage dans une adaptation de Lovecraft: chapeau! En plus, cette séquence s'intègre parfaitement à l'ambiance et au récit.
On remarque aussi des effets spéciaux pour la plupart excellents. On a des monstres bien lovecraftiens, convaincants, méchants et dangereux. On sent que les producteurs n'ont pas radiné. Dommage que certains trucages ne soient pas à la hauteur (la tête monstrueuse de Pretorius, le monstre volant). Mais on n'oubliera pas de sitôt l'incroyable final gore et visqueux.
From beyond est donc un film profondément original, réalisé avec sérieux par des auteurs ambitieux et passionnés de Lovecraft. Ils ont parfaitement réussi à concilier l'univers de cet auteur et le meilleur du cinéma d'horreur des années 80.
P.S.: From beyond a été parfois présenté sans les caches ("bandes noires") en haut et en bas de l'image (je pense à des projections TV dans les années 80...). Cela avait l'inconvénient de révéler de nombreux micros, câbles, accessoires et même techniciens qui n'avaient rien à faire dans le cadre. Il s'agit d'une erreur des gens qui ont effectué le transfert télé-cinéma, et non de bourdes techniques imputables à l'équipe du film. La cassette vidéo la plus courante (collection Avoriaz, Delta vidéo) n'a pas ce défaut (par contre, bonjour le pan+scan...).